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Comic Booster 1

vendredi 17 septembre 2010

Dino Attanasio

Aujourd'hui, je vous propose de rencontrer un des pionniers de la BD : Dino Attanasio :
interview souvenirs et nostalgie.
Dino Attanasio - Arlon 2009

Q - Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

Voilà, je m’appelle Dino Attanasio, je suis un très vieux dessinateur, rescapé d’une grande époque, celle des années 50, j’ai 85 ans, je suis apparemment en forme. Je crois que c’est assez comme carte de visite ... [NDLR : Dino est né le 8 mai 1925 à Milan]

Une planche de l’Oncle Paul

Q - Comment êtes-vous arrivé à la BD ?

Mais tout naturellement ! C’était une époque très facile, c’était pendant la guerre 39-45 … je dis cela pour plaisanter ! En réalité, j’étais un jeune homme qui aimait la BD et les illustrés en provenance d’Amérique. A la fin de la guerre, je me trouvais en Italie, et j’ai participé à la réalisation d’un dessin animé. C’était le premier long métrage italien La rose de Bagdad il a été primé au festival de Venise en 1949. Je faisais partie d’une équipe de 150 personnes. Je ne vais pas rentrer dans les détails, comment ce film a pu être réalisé pendant la guerre, en pleine période de bombardements c’est tout une aventure, mais ce n’est pas le but ici.


La bande annonce de La rose de Bagdad

En fait, je dessinais tout le temps. Après-guerre, j’ai décidé de voir un peu le monde. Je suis arrivé en Belgique, et là, c’était une époque heureuse, facile. En résumé, j’étais hébergé par des amis. En faisant une promenade, je vois une société de publicité pour le cinéma. Je me présente et j’explique ce que j’avais déjà réalisé. La semaine suivante, je travaillais dans un studio de dessins animés publicitaires. Apparemment, c’était facile, parce que c’était l’époque de la reconstruction en Europe. Cela ne veut pas dire, que je ne savais rien faire et que j’ai réussi à dessiner parce que l’époque était favorable !. Malgré tout, j’espérais toujours pouvoir faire de la BD.


Johnny Goodbye - Lexy 2007 – Livre d’or &
Couverture Johnny aux jeux olympiques aux Ed. des Archers

Un jour, j’ai eu l’occasion dans un café de rencontrer le directeur de la Wolrd Press, qui m’a ensuite engagé pour faire des dessins pour différents journaux. J’ai ainsi réalisé une série de strips hebdomadaires pour la Libre Belgique qui s’appelait Fanfan et Polo, puis on m’a confié la série d’Oncle Paul (dont tout le monde a entendu parler) pour le journal de Spirou. Eddy Paape avait débuté la série, je la reprenais. Et ce fut le début de ma carrière. Puis le Journal de Tintin et Le Lombard firent appel à moi pour des travaux de rédaction, et de fil en aguille m’ont confié différentes histoires.

Dédicace - Lexy 2008 – Collector Signor Spaghetti &
Couverture Spaghetti à Paris aux Ed. Le Lombard

A cette époque-là, nous étions une trentaine, une quarantaine, entre la France et la Belgique, à faire de la BD, aujourd’hui, ils sont des milliers ! Je les plains, je ne devrais pas, car chacun trouvera sa place à force de travail. Mais cela devient difficile, pour se faire remarquer, il faut faire quelque chose d’exceptionnel. Et cela ne suffit d’ailleurs plus aujourd’hui : il y a des gens formidables, qui dessinent merveilleusement bien, mais l’éditeur n’a pas les moyens de les « lancer » convenablement, car nous vivons dans un système médiatique différent de celui d’il y a 50 ans. Aujourd’hui, si on veut, on peut fabriquer le succès.

Planche & En-tête Spaghetti

Q - Quel cursus avez-vous suivi ?

J’ai fait une école d’arts, l’Académie des Beaux-Arts de Milan, mais le métier, je l’ai appris sur le tas surtout. Je trouve cependant que les études traditionnelles des Beaux-Arts, sont une excellente base. On y apprend le dessin classique ce qui est très bien, même pour l’humoristique.

Couverture Candida aux Ed. Miklo

Q - Quelles sont vos principales publications ?

J’ai créé 3 séries pour le Corriere della sera, le grand quotidien italien : Ambroise et Gino, qui est paru également en Belgique, Gianni Flash et le Colonel Squilla, j’ai travaillé pour les Pays-Bas dans le magazine Pep, puis il y eut Johnny Goodbye en français, la reprise de Modeste et Pompon de Franquin et puis Spaghetti au Lombard, et puis Bob Morane. Tout cela quasiment à la même époque, tout ce travail s’enchainait … j’avais naturellement des collaborateurs. Il y a eut Wasterlain, Seron, Kox et Meys. J’avais un petit studio, car sinon je n’aurai jamais pu tenir un rythme pareil. A cette époque-là, on faisait les couleurs à la main. Maintenant, cela se fait à l’ordinateur …

Bob Morane – Arlon 2006 – Livre d’Or &
Couverture Bob Morane Ed. Point Image Junior

Q - Vous avez encore des projets ?

On a toujours des projets et même si on n’a plus de projet, on a encore des rêves. Je suis encore sollicité et je participe encore régulièrement à des festivals, je pense que ce sont les derniers, car je n’ai plus tellement envie physiquement, mais c’est pour rester en contact avec les amis, les copains qui viennent discuter avec moi et cela me fait plaisir.

Modeste et Pompon – Arlon 2007 – Livre d’Or &
Couverture de Modeste et Pompon – Réédition Loup

Q - Quels-sont vos hobbys à part le dessin ?

Je répondrais le dessin … Hé ! Hé ! Je trouve que les gens, qui ne savent pas dessiner, perdent quelque chose … Quand on dessine, on voit une feuille de papier blanc se remplir, et cela c’est magique ! Mon passe-temps, hormis le dessin, c’est la lecture. Je lis plus que lorsque j’étais jeune.

Fresque murale à Koekelberg

Q - De quels auteurs êtes-vous fan ?

Dans ma vie j’ai rencontré des gens de valeur parmi les dessinateurs, mais je répondrai que je préfère autant ne pas les nommer, de peur d’en oublier certains !

Dino en pleine dédicace - Merbes-le-Chateau 2010

Q - Votre dernière BD lue ?

Je ne lis plus de BD. Je les parcours, je les regarde, je jette un coup d’œil, mais je ne me passionne plus, car l’impression est différente. Tout ce qui est fait maintenant avec l’ordinateur, tous ces albums, lorsque je les aperçois en librairie, m’ont l’ait d’être identiques, de la même tonalité. C’est une autre matière. Moi j’aimais bien l’imprimerie d’autrefois. C’était beaucoup de tâches manuelles … Vous savez, aujourd’hui on peut dessiner sans crayon, mais alors on a plus le plaisir de sentir l’épaisseur d’un crayon ou les odeurs. Les couleurs sont différentes, on n’emploie plus de papier …
Moi je suis pour la bande dessinée d’une autre époque … Comme je suis vieux, on me dira : « T’es un vieux ! » Je l’accepte. Le seul moyen de vivre longtemps, c’est de vieillir ...
ICI, vous pourrez trouvez une courte présentation de Dino, illustrée de jolies planches.

3 commentaires:

galien a dit…

Oh ! Johnny Goodbye !
Petit on peut dire que je les ai usées, ces BDs là !

666 a dit…

Passionnante interview à l'image de ce dessinateur de renom. Encore appris et découvert plein de choses.

Michellux a dit…

@ Galien :
Quoi de plus triste qu'un album trop neuf de na pas avoir été lu !

@ 666 :
Merci ! Je suis content si cela permet de mieux connaître certains auteurs.